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8 déc. 2011

F1 Historique, circuit de Silverstone, en caméra embarquée à bord de la Lotus type 88

Pilote : Katsu Kubota

Vue avant

Vue arrière

Source : http://oldschool.club-lotus.fr/lotus/tous-les-modeles/les-f1-lotus/historique-par-modele/type-88/

La Lotus 88 est une évolution de la 86 destinée à s’aligner en course et conforme au règlement 1981 qui bannit les jupes mobiles. On aurait pu croire que cette évolution de règlement sonnerait le glas de l'invention de Colin Chapman : il n'en est rien, au contraire, elle en renforce l'intérêt !

En effet, la carrosserie déportante est désormais dotée de jupes fixes, mais c’est cette carrosserie toute entière qui est mobile ! Elle est suspendue aux porte-moyeux grâce à de petits ressorts de faible force, qui arrivent très rapidement en butée (pour l'avoir essayé, je vous garanti qu'une simple poussée de la main suffit à la faire descendre sans effort). Dès lors que la voiture avance, le peu d’effet de sol généré lorsque la carrosserie déportante est levée suffit à mettre cette carrosserie en butée de la faible suspension. Ainsi, elle traîne par terre et fait donc étanchéité, générant ainsi un très fort efet de sol. Elle devient de plus solidaire des porte-moyeux, comme conçu initialement sur la Lotus 86, ce qui garantit une tenue de route excellente !

Comme sur cette dernière, pilote et moteur sont montés sur une coque centrale elle-même suspendue souplement sur les porte moyeux et dotée de suffisamment de jeu avec la carrosserie externe pour pouvoir bouger librement en son centre.

Tenant compte du surpoids que ce concept peut apporter à la voiture, Lotus réalise pour la première fois une coque centrale en composites particulièrement légère et rigide. Le procédé de fabrication utilise une méthode originale utilisant un nid d'abeilles en aluminium formant le coeur du sandwich, recouvert à l'intérieur comme à l'extérieur d'une peau en composite carbone armé de fibres de kevlar.

La voiture est alignée aux essais du Grand Prix des USA West à Long-Beach, sous une livrée Essex magnifique. Dès ses premiers tours de roue aux essais, c’est l’émoi dans les paddocks. Tous les Team Managers réalisent que Chapman a encore frappé, et qu’il va leur falloir sous peu jeter leurs nouvelles voitures pour suivre la mode du double châssis. Leurs craintes se concrétisent lorsque les commissaires Américains déclarent la voiture conforme au règlement technique. Mais le lobby des adversaires se met en marche, et la FIA transmet rapidement un fax qui dénonce la décision des commissaires Américains et finalement interdit le départ à la Lotus 88. La voiture est à nouveau présentée au Grand-Prix du Brésil, mais la FIA a préparé son coup et la voiture ne peut même pas effectuer un seul tour aux essais. Le (faux) motif finalement invoqué porte sur le fait que le châssis interne dépasse de la carrosserie. Chapman entame alors une partie de bras de fer avec la FIA qui l’amènera devant les tribunaux pour que raison lui soit donnée. Il ira même jusqu’à ne pas s’aligner au Grand-Prix d’Espagne, la première fois de son histoire que Lotus ne sera pas au départ d’un Grand-Prix !

Afin d’infléchir la décision des légalistes, Chapman prépare une évolution de la 88 pour le Grand-Prix de Grande-Bretagne à Silverstone. Dans leur livrée noir et or de JPS et des bières Courage, qui se sont jointes à l’occasion à Essex, pas moins de trois « 88B » sont alignées, avec un saute-vent désormais conforme. Elles ne feront qu’une séance d’essais écourtée avant que la FIA ne les bannisse définitivement. On ne verra plus de 88 en Grand-Prix.

Chapman est mortifié : il a épuisé tous les recours sportifs puis judiciaires pour obtenir raison. Malgré la décision d’un tribunal civil donnant raison à Lotus, la FIA restera inflexible. Colin Chapman en développera une grande amertume vis-à-vis de la Formule 1, et il s’éloignera progressivement des bords de piste pour se passionner pour la conception d’avions légers, où sa créativité débridée ne trouvait pas de censeurs bureaucratiques pour lui barrer la route.

D’un pur point de vue sportif, les quelques tours d’essais effectués par la Lotus 88 à Rio et à Silverstone ne démontrèrent pas une domination outrancière, tant la voiture manquait de roulage pour démontrer ses réelles capacités. Mais on se réjouit de nos jours de voir cette même voiture s’aligner en F1 historique, avec un succès certain.

Exemplaires produits : Les exemplaires étant interchangeables avec la Lotus 87 qui partage le même châssis, ce décompte est difficile. Un maximum de trois s’alignèrent aux essais. De nos jours, deux châssis 88B subsistent au « Classic Team Lotus » dont 1 court en F1 historique.